Site icon David Kennedy

Sainte-Claire

Sainte Claire, née en 1193, dans une famille noble, fut enthousiasmée par les prêches de carême d’un certain Francesco Bernadone, fils de bourgeois, qui, à tout quitté pour vivre l’idéal évangélique. Elle décida de faire de même. Elle rejoignit François d’Assise et ses compagnons. Celui-ci lui remit une bure et lui coupa les cheveux en signe de renoncement. A la demande de François, elle fonda l’ordre des Pauvres Dames (ou les Clarisses) sur le modèle des Franciscains. Elle rédigea elle-même la règle de l’ordre : moniales cloîtrées, contemplatives, bannissant toute propriété individuelle et collective, qui vivent de l’aumône.

Toute l’histoire de l’ordre est jalonnée par un va vient entre une interprétation très stricte de la règle d’origine et une règle mitigée, adoucie.

Déjà, toute suite après la mort de François en 1226, Claire subissait de fortes pressions, tant de la part des cardinaux que de la société civile, visant à faire accepter par sa communauté des possessions foncières. Claire se défendit, jusqu’à sa mort en 1253, contre ces pressions. Toute sa vie est tendue par son désir de vie pauvre.

Dès 1263, l’ordre de Sainte Claire se divisa en deux branches, les Urbanistes, au nom du pape Urbain IV qui permettra à certaines congrégations de recevoir des dons et de posséder des biens et des revenus, et les Daménistes (au nom de la chapelle où, en 1205, priant un jour devant le crucifix à l’intérieur de la chapelle Saint-Damien, un bâtiment dilapidé, François d’Assise entend le Christ en croix lui demander de « rebâtir sa maison en ruines »), qui continuaient, quant à elles, à pratiquer la règle dans toute son austérité.

Je me suis posé la question suivante : ‘Étant donné les difficultés d’ordre psychologique à adhérer à la dureté de la règle stricte, dans quelle mesure peut-on l’assouplir sans trahir son esprit ?

Au dix-neuvième siècle, il y avait à Saint Omer, en France, un couvent clairiste d’obédience urbaniste. Les moniales exerçaient des activités à l’extérieur, notamment dans le domaine de l’enseignement. Suite à une vague anticléricale en France fin dix-neuvième, début vingtième siècle les sœurs se sont réfugiées en Belgique où un couvent fut établi à Malone. Les sœurs souhaitaient un retour à la règle d’origine (une vie strictement cloîtrée) pour rechercher Dieu par la contemplation et la prière.

Parmi les voies qui mènent à la sainteté, il y en a deux que je voudrais souligner ici : celle d’une vie de contemplation et prière dans un lieu cloîtré qui doit rappeler l’isolement des premiers pères du désert et celle d une vie à l’extérieur, où, suite à des rencontres avec le Christ souffrant dans le regard de son prochain, l’on est amené à pratiquer la Charité.

Ces deux tendances se retrouvent, me semble-t-il, chez les Clairistes, l’une dans la règle stricte de Sainte Claire, elle-même, et l’autre chez les urbanistes. Elles correspondent à deux profils psychologiques différents, ce qui pourraient expliquer le désengagement de certaines moniales assujetties à la règle stricte mais dont le profil psychologique est celui d’ouverture.

La seconde voie peut mener à la sainteté à condition de se prémunir contre certaines dérives : l’accumulation excessive des biens, si l’ouverture au monde est accompagnée d’un renoncement au vœu de pauvreté. L’appât de gain et le désir de préserver ses biens risquent d’endurcir les coeurs et détourner les moniales du partage.

Il ne s’agit pas donc de ne pas mettre en opposition les deux voies mais de les pratiquer avec discernement afin de ne pas s’éloigner de l’esprit de l’Evangile.

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